Critique de Memory is our Homeland de Jonathan Durand, 24 images

Avant le cinéma, la salle noire et le défilement des images : des documents qu’on annote, des histoires qu’on récolte. Dans ces carnets où l’on ordonne les idées, la réalité historique est déconstruite pour tisser, à partir de ses fragments, les images qui la révèlent.

Sur l’expostition De source Africaine de Martine Chartrand, 24 images

Le visage masqué, il s’empare du remède au péril de sa vie car Mauvais Sang est une fuite, une course qui refuse de s’immobiliser, on s’y confine pour réfléchir au plus gros casse de l’histoire, et on court sans cesse bien sûr au rythme de David Bowie et les bras écartés sur l’asphalte de l’aéroport où je ne prendrai sûrement pas d’avion cette année.

Immunité collective : le coup de la pomme, Panorama Cinéma

Les cinémas sont ouverts, je pense une dernière fois : « une barque perdue dans l’épais brouillard d’un lac, où le lendemain semble plus obscur encore que la veille ». Et j’ajoute, peut-être parce qu’il est tard et que souvent la fatigue me rend irrationnellement rempli d’espoir : « une barque où subsiste la lumière d’un écran géant devant des rangées de sièges rouges. »
Immunité collective t. 2 : le Conte d'une lune vague avant l'aurore, Panorama cinéma


La nuit est tombée mais nos téléviseurs et nos ordinateurs apparaissent comme autant d’écrans sur lesquels se reflète une lumière solaire et pouvoir ainsi explorer la programmation du festival m’évoque ces soirées où l’on se perd à observer la Lune sur laquelle persiste l’éclat du jour jusqu’à l’aube.

Couverture du FNC 2020, 24 images

Contrairement à la lumière, la mémoire ne semble pas avoir d’état fixe qui pourrait s’apparenter au blanc et au noir, elle n’est que spectre sans binarité. On serait tenté d’associer l’état 0 à l’oubli, mais ce dernier est toujours partiel, zone de pénombre plus que de noir comme ces paroles qui traversent le film, toujours fragmentées, découpées, incomplètes.

Il nous rappelle l’importance de l’expérience de la salle, peu importe que celle-ci soit plongée dans l’obscurité et parcourue d’un alignement de fauteuils rouges, qu’elle se déroule sous la lumière d’un lampadaire au milieu du désert où l’on entend au loin un Adhan tonitruant, sur la façade d’un bar investi par quelques cinéastes passionnés ou dans une ruelle de quartier. Cette expérience, nous dit-il, n’est pas une lubie élitiste de cinéphiles fétichistes, mais un espace de rencontre, une évasion salvatrice, le lieu d’un vivre-ensemble qu’il est plus que jamais nécessaire de préserver.

Critique de Talking About Trees de Suhaib Gasmlbari, 24 images


Je n’ai pris aucune note concernant Vitalina Varela, c’est que l’effort de mémoire est nécessaire pour les films que l’on regarde, mais inutile pour ceux qui nous regardent : ils se sont par eux-mêmes inscrits en nous.

J’ai re-gardé ces films, Hors-champ

Une dernière question subsiste : pourquoi nous inciter à ne pas croire à un hurlement ? On se permettra ici, parce que le réalisateur encourage à le faire, d’offrir une interprétation personnelle : Je n’hurle pas parce que le terme renvoie à un grognement sauvage et décérébré tandis que le cri que pousse Frank Beauvais, et nous avec lui, est certes instinctif mais aussi réfléchi, il s’est saisi de ses peines et de sa colère pour construire les fondations d’un acte de résistance. Alors, certes, le corps est avachi dans le fauteuil, assailli par les images, mais il s’en imprègne lentement, y trouve une force qui n’existe pas ailleurs car peut-être que, pour se dresser fièrement, il faut avoir pris le temps de s’effondrer.

Critique de Ne croyez surtout pas que je hurle de Frank Beauvais, 24 images