Douter
Il s’agit d’abord d’un doute, l’incertitude d’une image qui tremble face à la double fatalité de son existence : l’apparition et la disparition. Elle tâtonne, trébuche, s’élance, implose soudainement, tantôt en celluloïds, tantôt en pixels puis se fixe un instant, s’est déjà éteinte.
Cet oscillement entre visible et invisible hante mon travail. Celui-ci s’intéresse aux matières d’archives qui renferment les enjeux sous-jacents de nos cultures visuelles. Extraits du flux numérique, les fragments discutent une société du spectacle où l’intensité médiatique rend le discours critique difficile par une surcharge de visible. Au contraire, lorsqu’ils sont exhumés d’une vieille pellicule super 8, les photogrammes révèlent les oubliés de l’histoire, ceux que le temps a effacés, que la poussière des sociétés dominantes a réduits au silence, à l’invisible.
Une pensée politique traverse ainsi mon rapport aux images de réemploi. Ces tensions s’expriment également dans leur traitement qui fait la part belle aux sous-expositions, aux détériorations matérielles et à une diversité d’approches techniques qui tendent à toucher aux “substances” comme le glitch ou le grattage. L’image est ainsi traitée, avant tout comme une entité signifiante, et sa déformation la questionne pour mettre en évidence ses caractéristiques. Je n’ai cependant pas de vision essentialiste et cherche au contraire à mélanger les mediums conformément à l’environnement médiatique dans lequel j’ai grandi.
Il s’agit d’abord d’un doute, l’incertitude d’une image qui tremble face à la double fatalité de son existence : l’apparition et la disparition. Elle tâtonne, trébuche, s’élance, implose soudainement, tantôt en celluloïds, tantôt en pixels puis se fixe un instant, s’est déjà éteinte.
Cet oscillement entre visible et invisible hante mon travail. Celui-ci s’intéresse aux matières d’archives qui renferment les enjeux sous-jacents de nos cultures visuelles. Extraits du flux numérique, les fragments discutent une société du spectacle où l’intensité médiatique rend le discours critique difficile par une surcharge de visible. Au contraire, lorsqu’ils sont exhumés d’une vieille pellicule super 8, les photogrammes révèlent les oubliés de l’histoire, ceux que le temps a effacés, que la poussière des sociétés dominantes a réduits au silence, à l’invisible.
Une pensée politique traverse ainsi mon rapport aux images de réemploi. Ces tensions s’expriment également dans leur traitement qui fait la part belle aux sous-expositions, aux détériorations matérielles et à une diversité d’approches techniques qui tendent à toucher aux “substances” comme le glitch ou le grattage. L’image est ainsi traitée, avant tout comme une entité signifiante, et sa déformation la questionne pour mettre en évidence ses caractéristiques. Je n’ai cependant pas de vision essentialiste et cherche au contraire à mélanger les mediums conformément à l’environnement médiatique dans lequel j’ai grandi.
Doubts
It is first of all a doubt, the uncertainty of an image which trembles in front of the double fatality of its existence: the appearance and the disappearance. It gropes, stumbles, darts, suddenly implodes, sometimes in celluloid, sometimes in pixels, then fixes itself for a moment, but is already extinguished.
This oscillation between visible and invisible haunts my work. My work is interested in archival materials that contain the underlying issues of our visual culture. Extracted from the digital flow, the fragments discuss a société du spectacle where the media intensity makes critical discourse difficult by an overload of the visible. On the contrary, when they are exhumed from an old super 8 film, the photograms reveal those forgotten by history, those that time has erased, that the dust of dominant societies has reduced to silence, to the invisible.
A political thought thus crosses my relation to found footage. These tensions are also expressed in their treatment, which gives pride of place to underexposures, material deterioration and a diversity of technical approaches that tend to touch on "substances" such as glitching or scratching. The image is thus treated, above all, as a meaningful entity, and its deformation questions it to highlight its characteristics. However, I do not have an essentialist vision and on the contrary, I try to mix the mediums in accordance with the media environment in which I grew up.
It is first of all a doubt, the uncertainty of an image which trembles in front of the double fatality of its existence: the appearance and the disappearance. It gropes, stumbles, darts, suddenly implodes, sometimes in celluloid, sometimes in pixels, then fixes itself for a moment, but is already extinguished.
This oscillation between visible and invisible haunts my work. My work is interested in archival materials that contain the underlying issues of our visual culture. Extracted from the digital flow, the fragments discuss a société du spectacle where the media intensity makes critical discourse difficult by an overload of the visible. On the contrary, when they are exhumed from an old super 8 film, the photograms reveal those forgotten by history, those that time has erased, that the dust of dominant societies has reduced to silence, to the invisible.
A political thought thus crosses my relation to found footage. These tensions are also expressed in their treatment, which gives pride of place to underexposures, material deterioration and a diversity of technical approaches that tend to touch on "substances" such as glitching or scratching. The image is thus treated, above all, as a meaningful entity, and its deformation questions it to highlight its characteristics. However, I do not have an essentialist vision and on the contrary, I try to mix the mediums in accordance with the media environment in which I grew up.
Batard
Je me suis posé cette question un peu bête : devrais-je écrire « Nous avons asservi l’Afrique » ou « Ils ont asservi l’Afrique ». Je suis à peu près sûr qu’il serait erroné d’écrire « Ils nous ont asservis », après tout j'ai grandi ici, pas là-bas et ce “nous” m'échappe un peu.
Je suis presque certain que quelques informations contradictoires se logent dans l’affirmation « Je me suis asservi », bien que quelques crises identitaires aient évidemment traversé mon adolescence et que leur résolution totale est de l’ordre du fantasme.
Être les enfants terribles du colonialisme.
Tous coupables ? Innocents ? On voudrait accorder le pardon mais il devient, au fil des images, impossible jusqu’à l’arrivée de ces fantômes qu’on aimerait emprisonnés dans le passé. Ils ressemblent aux visages croisés dans les rues où j’ai grandi.
Commencer par l’histoire ignorée, question initiale pour ouvrir les réponses qui ne suivront pas. Déployer les présents insolubles du colonialisme.
Corps marqués par la réalité d’être étranger partout, chez soi nulle part.
J’avais oublié cette option :
Je me suis posé cette question un peu bête : devrais-je écrire « Nous avons asservi l’Afrique » ou « Ils ont asservi l’Afrique ». Je suis à peu près sûr qu’il serait erroné d’écrire « Ils nous ont asservis », après tout j'ai grandi ici, pas là-bas et ce “nous” m'échappe un peu.
Je suis presque certain que quelques informations contradictoires se logent dans l’affirmation « Je me suis asservi », bien que quelques crises identitaires aient évidemment traversé mon adolescence et que leur résolution totale est de l’ordre du fantasme.
Être les enfants terribles du colonialisme.
Tous coupables ? Innocents ? On voudrait accorder le pardon mais il devient, au fil des images, impossible jusqu’à l’arrivée de ces fantômes qu’on aimerait emprisonnés dans le passé. Ils ressemblent aux visages croisés dans les rues où j’ai grandi.
Commencer par l’histoire ignorée, question initiale pour ouvrir les réponses qui ne suivront pas. Déployer les présents insolubles du colonialisme.
Corps marqués par la réalité d’être étranger partout, chez soi nulle part.
J’avais oublié cette option :
« Nous nous sommes asservis ».
Bastard
I asked myself this rather silly question: should I write "We enslaved Africa" or "They enslaved Africa". I'm pretty sure it would be wrong to write "They enslaved us", after all I grew up here, not there, and that "us" is a bit elusive.
I'm pretty sure there's some conflicting information lodged in the statement "I enslaved myself," although a few identity crises obviously ran through my adolescence and their total resolution is fantasy.
Enfants terribles of colonialism.
All guilty? Innocent ? One would like to grant forgiveness but it becomes, as the images unfold, impossible until the arrival of these ghosts that one would like to imprison in the past. But they look so much like the faces I met in the streets where I grew up.
The ignored history is the initial question that leads the way to answers which will not follow. Unfolding the insoluble presents of colonialism.
Bodies marked by the reality of being a foreigner everywhere because there is no home anymore.
I had forgotten this option:
I asked myself this rather silly question: should I write "We enslaved Africa" or "They enslaved Africa". I'm pretty sure it would be wrong to write "They enslaved us", after all I grew up here, not there, and that "us" is a bit elusive.
I'm pretty sure there's some conflicting information lodged in the statement "I enslaved myself," although a few identity crises obviously ran through my adolescence and their total resolution is fantasy.
Enfants terribles of colonialism.
All guilty? Innocent ? One would like to grant forgiveness but it becomes, as the images unfold, impossible until the arrival of these ghosts that one would like to imprison in the past. But they look so much like the faces I met in the streets where I grew up.
The ignored history is the initial question that leads the way to answers which will not follow. Unfolding the insoluble presents of colonialism.
Bodies marked by the reality of being a foreigner everywhere because there is no home anymore.
I had forgotten this option:
"We have enslaved ourselves".